Étude théologique de 1 Timothée 6.10
1 Timothée 6:10 est un verset souvent cité de la Bible, mais aussi fréquemment mal compris. Voici une étude théologique concise et structurée de ce passage, en examinant son contexte, son sens originel et ses implications théologiques.
Le verset
1 Timothée 6:10 (dans la version Louis Segond) dit :
« Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. »
« Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. »
1. Contexte biblique
- Auteur et destinataire : La première épître à Timothée est traditionnellement attribuée à l’apôtre Paul, écrite vers 62-64 après J.-C. Elle s’adresse à Timothée, un jeune dirigeant d’église à Éphèse, pour l’instruire sur la conduite de l’église, la doctrine saine et la vie chrétienne.
- Contexte du passage : Dans 1 Timothée 6, Paul aborde les faux docteurs, l’attitude des esclaves chrétiens, et donne des conseils sur la piété et le contentement. Les versets 6 à 10 contrastent la vraie richesse (la piété avec le contentement) avec la poursuite destructrice des richesses matérielles.
- Versets précédents (6:6-9) : Paul souligne que « la piété avec le contentement est un grand gain » et met en garde contre le désir de s’enrichir, qui conduit à la tentation, au piège et à des désirs nuisibles.
2. Analyse exégétique
- Texte grec : Le verset original dit : « ῥίζα γὰρ πάντων τῶν κακῶν ἐστιν ἡ φιλαργυρία » (rhiza gar pantōn tōn kakōn estin hē philargyria).
- ῥίζα (rhiza) : « racine », impliquant une source ou une cause fondamentale, mais pas nécessairement l’unique cause.
- πάντων τῶν κακῶν (pantōn tōn kakōn) : « de tous les maux », une expression hyperbolique courante en grec pour indiquer une large gamme de maux, pas littéralement tous les péchés.
- φιλαργυρία (philargyria) : « amour de l’argent », de philos (amour) et argyros (argent). Ce n’est pas l’argent en lui-même, mais l’attachement excessif ou l’idolâtrie de la richesse qui est visée.
- Mauvaise interprétation courante : On cite souvent à tort « l’argent est la racine de tous les maux », mais le texte ne condamne pas l’argent en tant que tel. L’argent est neutre ; c’est l’amour désordonné pour lui qui est problématique.
3. Sens théologique
- Le péché de l’avarice : La « philargyrie » est une forme d’idolâtrie, où l’argent remplace Dieu comme objet principal de confiance et de désir. Cela viole le premier commandement (Exode 20:3 : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face »).
- Conséquences spirituelles : Paul note que cet amour de l’argent conduit à :
- L’égarement loin de la foi : En poursuivant la richesse, certains abandonnent la doctrine saine et la relation avec Christ.
- Les tourments : L’obsession de l’argent engendre anxiété, insatisfaction, et conflits moraux ou relationnels.
- Contraste avec la piété : Le verset s’inscrit dans une exhortation plus large à chercher la vraie richesse : la piété, le contentement, et la confiance en Dieu, qui pourvoit à nos besoins (cf. Matthieu 6:33).
4. Implications théologiques
- La nature du mal : L’amour de l’argent n’est pas la seule racine du mal, mais une cause majeure, car il alimente l’orgueil, l’envie, la tromperie, et d’autres péchés. Cela reflète la doctrine du péché comme un désordre des désirs humains.
- Le contentement chrétien : Paul enseigne que la vraie richesse réside dans la suffisance en Dieu, pas dans l’accumulation matérielle. Cela rejoint l’enseignement de Jésus (Matthieu 6:19-21 : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… »).
- Application éthique : Les chrétiens sont appelés à :
- Gérer l’argent comme des intendants, pas des propriétaires (Luc 16:10-13).
- Donner généreusement pour refléter l’amour de Dieu (2 Corinthiens 9:6-8).
- Se méfier de la cupidité, qui détourne du service à Dieu.
5. Application contemporaine
- Dans une société consumériste, ce verset met en garde contre la valorisation excessive de la richesse, du statut ou du pouvoir matériel.
- Il invite à l’examen de conscience : mes priorités sont-elles alignées sur la foi, ou suis-je esclave de désirs matériels ?
- Les églises et les croyants sont encouragés à promouvoir la générosité, la simplicité, et la dépendance à Dieu.
Conclusion
1 Timothée 6:10 ne condamne pas la possession d’argent, mais met en lumière le danger spirituel de l’amour de l’argent. Cet attachement désordonné est une « racine » de nombreux maux, car il éloigne de la foi et entraîne des souffrances. Théologiquement, ce verset appelle à recentrer nos cœurs sur Dieu, à cultiver le contentement, et à utiliser les ressources matérielles pour sa gloire et le bien des autres.
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