Deux disciples quittent Jérusalem pour se rendre à Emmaüs. Ils ont été témoins de la mort de Jésus et ils ont du mal à s’en remettre. Tous leurs espoirs sont morts en même temps que leur ami sur la croix. Il est facile d’imaginer leur déception, leur amertume, peut-être leur incompréhension et leur colère. Ils cheminent à deux et l’évangéliste précise “ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé... Ils discutaient et cherchaient...” Ils ne se sont donc pas enfermés dans le silence de la sidération. Ils parlent, se parlent et s’interrogent. Et lorsque le Seigneur (qu’ils ne reconnaissent pas) les rejoint et les interroge sur ce dont ils discutent, Cléopas se met à raconter. Il résume la vie et le message de celui qu’ils avaient perçu comme étant le Seigneur. Puis il vide son cœur : “Nous espérions tant que ce soit Lui le Messie !” Ces deux hommes, tristes et désespérés, sont alors en chemin ; non pour Emmaüs comme ils le pensent, mais vers la plus puissante des révélations. Celui avec qui ils font un bout de chemin n’est autre que le Seigneur qu’ils pensaient avoir perdu. Mais pour trouver, retrouver le Christ, après une expérience décevante et déroutante, il faut parler, se parler. C’est l’étape de la langue où l’on exprime le vécu, la souffrance, la noirceur, le découragement afin de verbaliser, de partager, voire de reconsidérer (ils conversaient l’un avec l’autre ; ils cherchaient ensemble) Plutôt que de garder pour soi et de s’enfermer dans le mutisme mortifère, dans le retrait, dans le ruminement intérieur, il faut pouvoir, avec une autre personne, parler, exposer et dire le fond de sa pensée (nous espérions ) C’est seulement lorsqu’ils se seront vidés d’eux-mêmes que les disciples d’Emmaüs seront vraiment à l’écoute non de leurs propres paroles, mais d’une autre parole qui réchauffera leur cœur attristé. À l’élan de sincérité, Dieu répond toujours. |
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