À l’homme paralysé près de la piscine comme au paralytique apporté par quatre amis jusqu’à lui, Jésus déclare la même formule : “Lève-toi et marche !” L’encouragement à se lever puis à marcher n’est pas seulement la visibilité d’un miracle de guérison, c’est l’ordre d’un nouveau départ, une remise en marche. L’image de la marche est une évocation de la dynamique de la vie : le chemin, le cheminement, la route, le voyage, le pèlerinage, l’exode, le passage, la vie... On est dans le mouvement devenu possible, dans la sortie de soi, hors du soi figé, immobilisé, et même mort. Il faudrait pouvoir nous souvenir de nos premiers pas pour comprendre un peu mieux tout ce qu’implique l’image de la marche. Vous avez sans doute vu les premiers pas d’un enfant : dressé sur ses jambes incertaines, soutenu par sa mère, il hésite à se lancer à l’aventure vers les bras tendus d’un autre adulte.
Pour marcher, il devra quitter l’état de stabilité dans lequel il est au départ. Il lui faudra s’arracher à la sécurité pour se lancer dans le vide, accepter le déséquilibre pour en trouver un autre qu’il devra quitter aussitôt dans le pas suivant. Cet équilibre précaire, à toujours laisser et à toujours retrouver, symbolise très bien la condition humaine. Celui qui cesse de poursuivre sa marche, qui n’arrive pas (ou plus) à faire un pas en avant, un pas après l’autre, risque de s’arrêter et de se figer. Il s’installe dans ce qu’il croit être une sécurité qui l’immobilise et l’empêche de s’ouvrir à un inconnu aventureux. Le terme “aventure” vient du latin ad-venire, qui désigne une ouverture dynamique sur l’avenir à advenir ; caractère essentiel de l’humain destiné à la marche, à l’itinérance, au mouvement. Ne seriez-vous pas plus paralysé que vous ne pensiez l’être ? Alors, entendez l’ordre : Lève-toi et marche ! | 
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